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Combien de cadavres vous faut-il encore pour comprendre ce qui se passe ?

Les États russe et ukrainien envoient des gens à la guerre pour défendre le pouvoir de la bourgeoisie russe et ukrainienne. L’État israélien et le Hamas font de même pour leur propre bourgeoisie locale. Les gens meurent par milliers sous les drapeaux de « leurs » États et mouvements nationalistes. Ils s’entretuent pour le bien de « leurs » dirigeants, pour le business de « leurs » patrons, pour la propriété et le pouvoir de « leur » bourgeoisie. « Nous défendons la survie de notre propre nation », crient ces gens, tout en courant vers leur propre destruction sur le champ de bataille. « Nous nous battons pour le droit à l’autodétermination nationale », scandent-ils en chœur, oubliant le fait que partout dans le monde, c’est la bourgeoisie qui dicte nos conditions de vie. L’autodétermination n’existe nulle part. La bourgeoisie ukrainienne détermine (c’est-à-dire impose et dicte) les conditions de vie du prolétariat local, la bourgeoisie russe fait de même avec le prolétariat local. Les différentes fractions bourgeoises du monde entier s’unissent dans des alliances transnationales pour concurrencer leurs rivaux. Comment peut-on croire qu’en faisant la guerre pour l’une de ces fractions, la classe ouvrière puisse obtenir la possibilité de s’autodéterminer ? Ainsi, si le prolétariat en Ukraine, à Gaza ou en Israël sacrifie suffisamment de vies sur le front, la bourgeoisie lui fera-t-elle cadeau de l’abandon volontaire de son propre pouvoir et n’exploitera-t-elle plus les masses prolétariennes ?

La guerre entre États ne nous donnera jamais la possibilité de déterminer librement les conditions de notre vie. Même si c’est l’État « le plus petit et le plus faible » ou celui qui est « envahi » qui gagne la guerre avec l’aide de ses alliés, la dictature de la bourgeoisie sera préservée. Être exploité par la bourgeoisie locale et opprimé par l’État local n’est pas une victoire. Ce n’est pas une raison pour laquelle nous devrions sacrifier nos vies. Pourtant, certains sont prêts à sacrifier des centaines de milliers de vies au nom de l’illusion que la victoire d’un État est importante pour qu’on puisse se libérer plus tard de tous les États. C’est l’un des nombreux oxymores de ces personnes. Au nom de la lutte contre les États, ils nous exhortent à défendre un État particulier et son idéologie nationaliste/démocratique. Au nom de la lutte contre la guerre, ils nous disent qu’il faut faire la guerre. Combien de personnes devront encore mourir au front pour que ces amateurs d’oxymores réalisent que la guerre entre États ne peut pas apporter la paix, que la tyrannie des États ne peut pas être combattue en collaborant avec les États, que l’exploitation capitaliste ne peut pas être combattue par des alliances de la classe ouvrière avec les capitalistes ?

Les bellicistes des deux camps utilisent la pression économique, violente et idéologique pour mobiliser les gens en faveur de la guerre. Si nous proclamons la lutte contre toutes les fractions de la bourgeoisie, y compris la lutte contre la bourgeoisie des États « agressés », ils nous accusent d’aider les États les plus agressifs, les plus dictatoriaux et les plus impérialistes, comme s’il n’était pas évident que nous luttions en même temps contre eux. Ils pensent que la collusion avec telle ou telle bourgeoisie locale et tel ou tel État est une question de survie. Ils ne tiennent pas compte du fait que cette même bourgeoisie qu’ils défendent fait tout pour éviter d’être enrôlée sur le front, alors que les autorités étatiques forcent les prolétaires à endosser l’uniforme et les conduisent à la mort dans les combats de première ligne. Ils voient que la bourgeoisie « amie » utilise l’État pour fermer les frontières aux hommes qui veulent se mettre à l’abri. Ils ne voient pas que la bourgeoisie ne se préoccupe pas de sauver la vie de toute la population bombardée, mais de forcer la partie prolétarienne de la population à verser son sang afin de sauver son propre pouvoir, sa propriété privée et sa sphère d’influence économique. Lorsqu’il s’agit de sauver des vies dans une zone de guerre, les prolétaires doivent certainement chercher d’autres options que de s’engager dans l’armée.

Que les bellicistes soient capitalistes, nationalistes ou de la gauche du capital, ils sont tous terrifiés par l’idée que l’État ennemi gagne la guerre, mais ils ne sont pas du tout effrayés par les cadavres de prolétaires qu’une guerre « produit » toujours dans les deux camps. Quelle que soit la bannière sous laquelle ils se présentent, quelle que soit l’étiquette idéologique qu’ils se donnent, nous devons mépriser tous les bellicistes. Lorsqu’on nous demande quel camp nous soutenons dans la guerre, nous répondons clairement que nous prenons le parti du prolétariat en Ukraine, en Russie, à Gaza, en Israël et dans le monde entier. Nous ne choisissons pas le camp de tel ou tel État dans la guerre, mais le camp qui s’organise contre les États. Nous ne restons pas les bras croisés pendant que la guerre massacre nos frères et sœurs de classe. Nous sommes du côté de ceux qui se rebellent contre la guerre et qui résistent à tous les efforts visant à nous entraîner dans la guerre. La seule façon d’arrêter les guerres est de saper la capacité de tous les États à continuer à faire la guerre.

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Traduction française : Třídní válka / Class War / Guerre de Classe

[Borl] Combien de cadavres vous faut-il encore pour comprendre ce qui se passe ? » TŘÍDNÍ VÁLKA # CLASS WAR # GUERRE DE CLASSE